note d'Intention |
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Nous sommes tombés dans l’œuvre de Henri Michaux comme on tombe dans un paradoxe, dans un mouvement sans fin entre tout et son contraire. Entre l’absurde et le réel, la peur et le désir, l’angoisse et la |
sérénité, |
la force et la faiblesse, la noirceur et la lumière, l’humour et le désarroi. Chaque chose se nourrit de son contraire tout en le transcendant. Le bonheur précède la colère. |
La faiblesse est la force. |
L’humour piétine le tragique. Le contre-pied shoote dans l’évidence. |
Plus rien n’est sûr. |
On s’affaiblit. On se libère. Et on devient fort. L’âme part en voyage, découvre le monde, se découvre. Des chemins nouveaux sont explorés, des routes sur lesquelles on se croise sans se regarder. |
Parfois on se percute |
et on se bat. Le sang coule. La plaie est béante, on s’y engouffre, on s’y perd, on s’affaiblit, et on devient fort. Prêt pour un nouveau combat. Qui est l’ennemi ? |
Qui est le véritable ennemi ? |
Où est-il ? Dans la rue ? Dans l’escalier ? Dans ma tête ? Dans la tienne ? Est-ce toi que je hais ? Est-ce moi que je hais ? Nous nous haïssons |
mutuellement |
et c’est bien comme ça. Ensemble nous planons au-dessus de nos incompréhensions, sans nous toucher, et nous éprouvons le même sentiment de béatitude égarée qui nous fait vomir d’un commun élan. Eclat de rire complice. |
On s’affaiblit. |
On rougit. |
On devient forts. |
Parfois on s’endort, et un autre voyage commence. La fatigue résout bien des problèmes. Elle en pose, aussi. Alors on écrit. |
Ou on nage. |
Chacun essaye de résoudre ses problèmes avec ses propres doutes. Rarement on résout les problèmes ensemble. D’ailleurs la plupart du temps on ne les résout pas. |
Ce qui est logique |
puisque les problèmes ne sont pas faits pour être résolus mais pour inciter les gens à l’entraide. |
C’est bien |
le problème des problèmes, ils nous affaiblissent. C’est pourquoi il ne faut jamais renoncer. Rester simples et repousser la confiance quand elle commence à nous ronger |
la moelle. |
Certaines étoiles peuvent alors se remettre à briller, mais c’est un phénomène rare qui n’est |
pas toujours |
souhaitable. On dit qu’il vaut mieux être seul pour admirer le ciel nocturne. On dit aussi qu’il vaut mieux être plusieurs. Comme quoi il vaut mieux se taire. Ou accepter les vents contraires. |
Un milliard d'étoiles brillent moins que deux lucioles. |
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Arnaud Guitton |